Maladie de Kikuchi : épidémiologie en Martinique et caractéristiques dans une population afrocaribéenne - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
La maladie de Kikuchi Fujimoto (MKF) est une lymphadénite nécrosante d’évolution bénigne décrite initialement dans les populations asiatiques. Il n’y a aucune description des caractéristiques de cette maladie dans les populations originaires d’Afrique noire alors qu’elle est liée au lupus systémique (LS) dont on connaît la fréquence et la gravité dans les populations d’ascendance africaine. Il n’y a pas non de données épidémiologiques. L’objectif de cette étude est de (1) caractériser la MKF dans les départements français d’Amérique (DFA) où la population est majoritairement d’origine africaine, (2) présenter une incidence en Martinique.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective multicentrique descriptive des patients porteurs d’une MKF suivis dans 7 hôpitaux des 3 DFA. Étude épidémiologique par recoupement de sources sur la Martinique (2 seuls laboratoires d’anatomo-pathologie de l’île, département d’informatique du CHU de Martinique, services de médecine interne, ORL, rhumatologie, pédiatrie). Les critères d’inclusion étaient : patients d’origine martiniquaise, guadeloupéenne ou guyanaise au moment d’une biopsie compatible avec une MKF (habitant en Martinique pour l’étude épidémiologique)
Résultats |
Il s’agissait de 27 femmes et 9 hommes d’âge moyen au diagnostic de 30,5 ans (5–59ans) dont 9 présentaient au moins 2 épisodes. Le délai moyen de diagnostic était de 12,8 semaines (1–49). La localisation des adénopathies était cervicale dans 88.8 %, axillaires dans 53.3 %. Les adénopathies étaient douloureuses dans 61.8 %. La fièvre était présente dans 83.3 %. Des manifestations extra-ganglionnaires étaient présentes : cutanées (37.9 %), organomégalie (17.8 %). Trois patients (8.33 %), tous lupiques, présentaient une forme sévère : syndrome d’activation macrophagique (n=2), neuropathie périphérique (n=1). Sur l’ensemble de la cohorte, une maladie auto-immune associée était présente dans 14 cas (38.8 %) : LS (n=9 ; 25 %), lupus cutané chronique (n=2 ; 5.6 %), Sjögren primaire probable (n=2 ; 5.6 %), arthrite chronique juvénile (n=1 ; 2.8 %). En Martinique à base de population, on retrouvait un lupus chez 27.3 % des MKF. Cette maladie était découverte concomitamment dans 8 cas, apparaissait après la MKF dans 1 cas et était déjà présente dans 5 cas. La seule infection concomitante à une MKF est liée à un coxsackie avec syndrome pieds-mains-bouche, apparue chez la patiente ayant une arthrite chronique juvénile et dont la mère a un lupus. Un amaigrissement important, des lésions cutanées, une lymphopénie, et la présence d’anticorps antinucléaires chez une femme suggéraient l’existence d’un lupus sous jacent. Entre 1990 et 2013, 22 patients présentaient une MKF en Martinique, amenant à une incidence annuelle moyenne brute de 2.23 cas/1 000 000 habitants.
Conclusion |
Les caractéristiques de la MKF dans notre population par rapport aux autres populations décrites dans la littérature sont une grande fréquence de l’association avec le lupus. Il s’agit des premières données sur l’épidémiologie de la MKF, qui semble peu fréquente. Il reste difficile de dire si ces chiffres peuvent être extrapolés à des populations d’autre origine ethnique.
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Vol 35 - N° S2
P. A29 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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